par Jean-Marie Grasset

 

Dans le choix de pellicules, aussi bien N&B que couleur, il existe deux sortes de "grain".

 

A) la structure de films de composition classique, composée de "grain d'halogénures d'argent":

exemple: Ilford Pan (50 ISO), Kodak (plusX 125 ISO), Ilford FP4 (125 ISO), Ilford HP4 (400 ISO), Kodal tri-x (400 ISO).

B) la structure dite" à grains tabulaires"; c'est la dernière génération toujours en service, comme la précédente d'ailleurs, mais qui, à sensibilité identique donnera plus de finesse et d'acutance :

exemple: Ilford delta 100 (100 ISO), Ilford Delta 400 (400 ISO), Ilford 3200 (3200 ISO), Kodak Tmax 100 (100 ISO), Tmax 400 (400 ISO), Tmax 3200 (3200 ISO), Fuji acros 100 (100 ISO), Fuji Néopan 400 (400 ISO), Fuji Néopan 1600 (1600 ISO).

Toutes ces pellicules des groupes A et B, peuvent être travaillées à des sensibilités différentes autres que celles dites natives:

exemple: une Ilford Pan 50 peut être travaillée à 25 ISO; le temps de développement sera différent mais donnera un grain plus fin, puisque, quand on diminue la sensibilité, le grain diminue et qu' à contrario quand on augmente la sensibilité, le grain augmente; cela est évidemment valable pour toutes les pellicules des groupes A et/ou B).

Cependant, et c'est un facteur important, le révélateur doit être adapté selon ce que l'on choisit ! Pour un résultat satisfaisant, à sensibilité native, et bien que cela ne soit pas une règle ni une obligation, il est conseillé d'utiliser les révélateurs de la marque et d'utiliser les temps de pose préconisés par le fabricant. Ce fabricant propose plusieurs révélateurs (les fixateurs étant par nature tous plus ou moins identiques et n'ayant pas d'influence sur le résultat final des photos) qui sont plus ou moins adaptés à leurs pellicules et/ou pour des besoins spécifiques.

Les grands révélateurs classiques : Kodak D76 et Ilford ID11, la formule chimique est la même; ce révélateur donne de bons résultats pour toutes les émulsions; il est livré en poudre et se conserve très bien en stock. La plupart des révélateurs sont à base d'hydroquinone sauf le XTOL de Kodak. Ils peuvent être utilisés en "stock" ou dilués 1+1.

Si l'on veut "pousser" une pellicule, c'est-à-dire augmenter sa sensibilité native (passer de 100 ISO à 200 ISO), certains révélateurs sont plus adaptés que d'autres car ils offriront une différence d'aspect des grains selon l'usage que l'on veut en faire et le style donné à la photo que l'on veut faire montrer.

Il est donc important de considérer, quand on utilise une pellicule pour des aspects et finalités d'images particulières, de bien former le couple pellicule/révélateur.

Il y a plusieurs écoles parmi les photographes : soit la finesse est la priorité (souvent d'une façon plus idéologique qu'autre chose), soit les adaptes du grain qui donnent à la finalité le style d'image envisagée intellectuellement avant la prise de vue.

Pour exemple : par temps de neige, où par définition la grande partie de l'image sera blanche, il sera conseillé de choisir une pellicule (Ilford FP4) ayant un peu de grain pour donner le rendu de la neige. Une pellicule à grain trop fin risque de donner des "aplats" qui ne feront pas ressentir les cristaux de glace.

Autre exemple : portraits dans le clair obscur foncé: le grain peut être un atout pour donner une certaine "chaleur" et l'absence d'une acutance élevée transmettre un état d'esprit (concerts, comédiens sur scènes, etc).

En fonction de son style ou de l'ambiance de la scène (ou personnage) qui veut être transmise, le choix du film devient important. Il convient alors de choisir sa pellicule comme un peintre décidera d'utiliser la brosse ou le couteau ! Le révélateur, en fonction de ce choix, devra être alors adapté et à la pellicule et au rendu souhaité.

Certaines pellicules "encaissent" également mieux que d'autres de grandes différences de contraste; prendre des photos dans le midi ou pays ensoleillé où les contrastes sont élevés, il est conseillé de choisir d'abord des sensibilités natives basses (100 ISO) puisqu'il y a de fortes chances d'avoir beaucoup de lumière et d'autre part les sensibilités basses sont plus contrastées. Si l'on doit se rendre en Scandinavie, même par beau temps, la lumière est plus douce; selon ce que l'on veut prendre, utiliser une sensibilité plus élevée (déjà pour l'ensoleillement) et diminuer le contraste pour obtenir le rendu de la lumière adaptée à la région.

Nous disposons actuellement d’un choix très important de pellicules (il en sort même de nouvelles malgré l'arrivée du numérique), l'argentique restant une technique appréciée chez les amateurs (au sens étymologique) et chez les professionnels qui, en dehors de leur travail rémunérateur, se font plaisir avec la technique argentique et pour ceux qui vendent des tirages numérotés (Malgré le label " Digigraphie", les amateurs-acheteurs sont plus attirés par les tirages argentiques pour leur aspect et leur conservation).

Autrement dit, quand on a un projet photographique, la pellicule doit être choisie en fonction de ce projet.

Ces indications ne peuvent que sensibiliser le photographe, car contrairement aux idées reçues, les projets sont variés,différents les uns des autres et c'est au photographe d'utiliser et choisir les "matériaux" mis à sa disposition et lui paraissant les plus adaptés à ses photos. Ce texte n'a pas la prétention de tout expliquer (il existe d'ailleurs de nombreux ouvrages spécialisés à cet égard) mais seulement de sensibiliser (c'est le cas de le dire !) les photographes pratiquant l'argentique. Il est à noter que les amateurs (ou professionnels) avertis utilisent les deux techniques, qui loin de s'opposer, se complètent.